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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/82

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LES RESSUSCITÉS

des peuples ; leurs dires et leurs expressions deviennent proverbes, leurs personnages fictifs se changent en personnages réels, lesquels ont hoir et lignée. Ils ouvrent des horizons d’où jaillissent des faisceaux de lumière ; ils sèment des idées, germes de mille autres ; ils fournissent des imaginations, des sujets, des styles à tous les arts. Leurs œuvres sont des mines inépuisables ou les entrailles mêmes de l’esprit humain. »

Cela posé, — qu’on nous permette maintenant de substituer notre opinion à celle de nos devanciers.

Selon nous, c’est surtout comme figure que Chateaubriand resplendit sur son siècle. La grandeur de sa vie apparaît avant celle de son talent, son nom vient avant ses livres. Il est lui-même un homme-épopée. On l’aperçoit de très-loin, et le respect lui arrive avant l’admiration.

Aussi, longtemps encore peut-être sera-ce M. de Chateaubriand, avant d’être Chateaubriand tout court. Longtemps encore peut-être ce sera la majesté, avant d’être la force.

La majesté ! — voilà son grand et superbe crime. Génie épique et théâtral, il lasse l’admi-