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Page:Montaiglon - Recueil général et complet des fabliaux des 13e et 14e siècles, tome I.djvu/137

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sire hain et dame anieuse

350Et que tu ne feras jamès
Chose nule qu’il te desfenge[1].
— Ba ! Deable, et s’il me ledenge[2],
Fet Anieuse, ne cort seure,
Et j’en puis venir au deseure,
355Ne me desfenderai[3]-je mie ?
— Escoute de ceste anemie,
Fet Symons, qu’ele a respondu,
Aupais ; en as-tu entendu ?
— Oïl voir, sire, bien l’entent.
360Anieuse, je te blastent
Que tu respons si fetement,
Quar tu vois bien apertement
Que tu ne pués plus maintenant ;
Si te covient d’ore en avant
365Fere del tout à son plesir,
Quar de ci ne pués-tu issir
Se par son comandement non. »
Anieuse respondi : « Non ;
Conseilliez-moi que je ferai.
370— Par foi, dit Aupais, non ferai,
Que tu ne m’en croiroies mie.
— Si ferai, bele douce amie ;
Je m’en tendrai à vostre esgart.
— Or t’estuet-il, se Diex me gart,
375Orendroit fiancier ta foi ;
Je ne sai se ce ert en foi,
Mès toutes voies le feras,
Que tu ton baron serviras
Si com preude fame doit fère,

  1. 351 — deffenge, lisez desfenge.
  2. 352 — ledange, lisez ledenge.
  3. 355 — deffenderai, lisez desfenderai.

    Ce conte, sans le dénoûment, est dans les Novelle de Sacchetti. Par contre, on trouve un dénoûment semblable dans la Farce du Cuvier, la quatrième de l’Ancien Théâtre français de la Bibliothèque elzévirienne, I, 21-50.