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Page:Montaiglon - Recueil général et complet des fabliaux des 13e et 14e siècles, tome I.djvu/163

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XI

LA

CHASTELAINE DE SAINT GILLE.

Manuscrit F. Fr. 837, fol. 114 vo à 116 ro.[1]

1
Il avint l’autrier à Saint Gille
C’uns chastelains ot une fille
Qui moult estoit de haut parage ;
Doner la volt par mariage
5A .I. vilain qui moult riche ère.
Ele respondi à son père :
« Si m’ait Diex, ne l’aurai jà.
Ostez-le moi, cel vilain là,
Se plus li voi, je morrai jà.


10» Je morrai jà, dist la pucèle,
Se plus me dites tel novèle,
Biaus père, que je vous oi dire ;
Si me gart Diex d’anui et d’ire,
Li miens amis est filz de conte ;
15Doit bien avoir li vilains honte,
Qui requiert fille à chastelain.
Ci le me foule, foule, foule,
Ci le me foule le vilain.

  1. XI. — La Chastelaine de Saint Gille, p. 135.

    Cette pièce, qui à proprement parler n’est pas un fabliau, mais une chanson, a été publiée par Barbazan, III, 21 ; par Sainte-Palaye (Amours du bon vieux temps), qui y a fait quelques changements ; par Méon, III, 369-379 ; et donnée en extrait par Legrand d’Aussy, IV, 89-93.

    Il est bien difficile d’identifier ce Saint Gille. La vis de Saint-Gilles, si connue en architecture, étant celle d’une église du midi, n’a rien à faire ici. Mais il y a plus d’un Saint-Gille, dans le pays d’oïl. Il y en a en Bretagne, en Anjou, en Normandie, en Tourraine. S’il fallait absolument choisir, on pourrait pencher pour le Saint-Gilles de Champagne, à six lieues et demie de Reims.