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Page:Montaiglon - Recueil général et complet des fabliaux des 13e et 14e siècles, tome I.djvu/192

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fabliau xiv

50Mès toz jors fu en soupeçon
Li preudom, et en porvéance
Qu’il en voie sa délivrance.
Quant l’enfes ot .XV. anz passez,
Cil, qui n’est mie respassez
55De son mal, qui moult est irais,
A sa fame s’est un jor trais,
Et dist : « Dame, ne vous griet pas
Que demain vueil, sans nul trespas.
En marchéandise r’aler ;
60Fetes tost mes dras enmaler.
Moi auques matin esveillier.
Et vostre fil appareillier,
Q’o moi le vueil mener demain.
Savez-vous porqoi je l’i main ?
65Jel vous dirai sans demander :
Por aprendre à marchéander
Entruès qu’il est de jone aage.
Jà ne verrez home fin sage
De nul mestier, sachiez sanz doute,
70Se il n’i met son sens et boute
Ainçois qu’il ait usé son tans.
— Sire, bien m’i suis assentans ;
Mais encore, s’il vous pléust.
Mon fils encor ne s’en méust ;
75Et, puis que voz plesirs i est.
Au contredit n’a point d’aquest.
Ne desfendre ne m’en porroie :
Demain vous métrez à la voie,
Et Diex, qui là sus est et maint,