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Page:Montaiglon - Recueil général et complet des fabliaux des 13e et 14e siècles, tome I.djvu/24

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avant-propos.

théâtre et ce qui s’est appelé la Farce, celle-ci a tué le Fabliau ; elle lui a tout pris, ses sujets et ses personnages ainsi que son esprit et son ton lui-même. Comme le Fabliau, la Farce n’est pas autre chose, je ne dirai pas qu’une action, mais qu’une situation unique prise dans la vie commune et du côté de la moquerie. Le Fabliau avait plus dialogué que le Conte ; la Farce se débarrasse du récit et le met tout entier en dialogue. C’est si bien le même esprit, les mêmes visées, les mêmes auteurs, que du moment où, pour préparer le retour à la Comédie, la Farce a fait rire nos pères en se moquant d’eux à la façon du Fabliau, c’est-à-dire au quinzième siècle, il n’y a plus de Fabliaux ; ils sont morts, ou pour mieux dire ils se sont métamorphosés pour revivre sous une nouvelle forme. Seulement, comme le conte ne peut pas périr, avec les Cent nouvelles et les recueils du XVIe siècle il est, à la suite de Boccace et des Italiens, revenu à la prose, à la condition de recueil, et par elle à une brièveté maintenue d’une façon à peu près égale. L’imprimerie a été aussi une raison pour l’empêcher de reprendre sa forme versifiée, plus naturelle à la récitation publique que la prose, qui se lit plutôt parce que celle-ci ne reste pas dans la mémoire d’une façon assez sûre pour se dire facilement.

En tout cas, depuis la seconde moitié du xiie siècle, où il s’est essayé et développé, jusqu’à la fin