Aller au contenu

Page:Montaiglon - Recueil général et complet des fabliaux des 13e et 14e siècles, tome I.djvu/352

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
324
170
fabliau xxix

170Cilz monte sus, sens plus de plait,
Et donne à Morel de l’avainne,
De la millor, de la plus sainne ;
Ainsis le fist tout demanois,
Et cele hucha l’autre fois,
175Et cilz tout adès li dona
L’avainne qu’ele demanda.
Quant vint après à l’autre nuit,
Cilz s’endormi jusqu’à mienuit[1] ;
Et cele qui ne dormoit pas
180Ne tint pas ceste affaire à gas,
Ainsois bouta son mari tant,
Et dist c’on li tenist convant.
Cilz s’aparoille et monte sus
Qu’amont, qu’aval, que sus que jus ;
185Ainsis fist à pou de séjour
Dès le couchier jusques au jour.
Tant fu cele bone maistresce
De ramentevoir sa promesce
Qu’ele ot tost la honte béue
190Qu’ele avoit à premiers héue.
Despuis cele houre, baudement,
Sa promesce ala demandant[2],
Com cele qui ne s’en vot faindre ;
Moult gentement se set complaindre
195Vers son mari et soupploier,
Et doucement aplainnoier
Par coi Moriax sa provende ait.
Et cilz qui ne veut point de plait,
Li baille selonc ce qu’il peut,

  1. 178 — miennuit, lisez mienuit.
  2. 192 — * demandant ; ms., demendent.