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PENSÉES DIVERSES.


DES GRANDS HOMMES DE FRANCE [1].


Nous n’avons pas laissé d’avoir en France de ces hommes rares qui auraient été avoués des Romains.

La foi, la justice et la grandeur d’âme montèrent sur le trône avec Louis IX.

Tanneguy du Châtel abandonna les emplois dès que la voix publique s’éleva contre lui ; il quitta sa patrie sans se plaindre, pour lui épargner ses murmures.

Le chancelier Olivier introduisit la justice jusque dans le conseil des rois, et la politique plia devant elle.

La France n’a jamais eu de meilleur citoyen que Louis XII.

Le cardinal d’Ambroise trouva les intérêts du peuple dans ceux du roi, et les intérêts du roi dans ceux du peuple.

Charles VIII connut, dans la première jeunesse même, toutes les vanités de la jeunesse.

Le chancelier de l’Hôpital, tel que les lois, fut sage comme elles dans une cour qui n’était calmée que par les plus profondes dissimulations, ou agitée que par les passions les plus violentes.

On vit dans La Noue un grand citoyen au milieu des discordes civiles.

L’amiral de Coligny fut assassiné, n’ayant dans le cœur que la gloire de l’État ; et son sort fut tel, qu’après tant de rébellions il ne put être puni que par un grand crime.

Les Guises furent extrêmes dans le bien et dans le mal

  1. Montesquieu a omis Charlemagne ici ; mais voyez l’Esprit des Lois, liv. XXXI, ch. xviii ; son portrait est fini. (Note des Œuvres posthumes.)