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LETTRES FAMILIÈRES.

poussai si bien qu’il ne pût plus soutenir le procédé, et me dit : « Dès que vous serez chez vous, écrivez-moi une lettre que je puisse montrer qui soit comme une suite de notre conversation, et que je puisse montrer à M. le Duc. » Je souscrivis à cet expédient, j’admirai son esprit, et je lui envoyai la lettre dont vous trouverez ici la copie[1].

Je comptois partir dimanche prochain, mais cette affaire pourroit bien me retenir quelques jours, étant bien aise de veiller et de savoir l’effet qu’aura produit ma lettre.

Je vous prie de dire à M. de Vesis que j’ai fait les commissions, et que je compte les porter moi-même.

Je ne sache rien ici de nouveau si ce n’est qu’on recommence à y parler de la peste ; cette conversation avoit été longtemps assoupie.

On continue à dire qu’on refera de nouvelles actions[2] Ce qu’il y a de certain, c’est que toutes les manufactures d’autour de Paris sont, les unes totalement, les autres presque détruites.

Je fus hier à la Verrerie où je trouvai maison à louer ; j’habite, mon cher confrère, un f… pays, et je serai charmé pour bien des raisons d’avoir le plaisir de vous voir, et de boire avec vous.

Je vous embrasse mille fois, et suis votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Montesquieu.


Je vous prie de saluer bien fort de ma part MM. de Sarrau, de Barbot[3] et M. le Président de Gasc.

  1. Nous n’avons pas cette copie.
  2. Actions de la banque de Law.
  3. Barbot, président de la cour des aides de Guyenne, et grand ami de Montesquieu. Il est souvent question de lui dans la correspondance.