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LETTRES FAMILIÈRES.

l’amitié que vous avez pour moi et à celle que je vous ai vouée. Je vous prie de n’oublier point les absents. Ne viendrez-vous point faire un tour à Paris ? Je parlai de vous l’autre jour avec le Père Desmolets qui voudroit bien que vous vous y déterminassiez. Adieu, mon cher Navarre, donnez-moi la permission de vous embrasser de toute mon âme.

Montesquieu.


À Paris, ce 22 janvier 1727.


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LETTRE IX[1].


À M. L’ABBÉ DOLIVET[2].


Je vous écris, Monsieur mon cher et illustre abbé, et je voudrois fort que ce fût un moyen de me conserver votre amitié, que je cultiverai toute ma vie autant qu’il me sera possible, parce qu’elle est pour moi d’un prix infini.

Je suis assez content du séjour de Vienne : les connoissances y sont très-aisées à faire, les grands seigneurs et les ministres très-accessibles ; la cour y est mêlée avec la ville ; le nombre des étrangers y est si grand, qu’on y est en même temps étranger et citoyen ; notre langue y est si universelle qu’elle y est presque la seule chez les honnêtes

  1. Cette Lettre qui fait partie de la collection Bérard. a été publiée pour la première fois dans l’Isographie françoise, t. III.
  2. Pierre-Joseph Thoulier, abbé d’Olivet (1682-1708), membre de l’Académie française, éditeur et traducteur de Cicéron. On lui doit une Histoire de l’Académie française, 2 vol. in-12.