Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t7.djvu/275

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
257
LETTRES FAMILIÈRES.

déplacé, ceux du pays vous ayent retenu : Lapidem quem reprobaverunt œdificantes, hic factiis est in caput anguli ; il est bien certain du moins qu’on n’en fera pas tant pour votre successeur.


_______


LETTRE XXXIV.


A L’ABBÉ DE GUASCO[1]


A TURIN.


Je suis fort aise, mon cher ami, que la lettre que je vous ai donnée pour notre ambassadeur vous ait procuré quelques agréments à Turin, et un peu dédommagé des duretés du marquis d’Orméa[2]. J’étois bien sûr que Monsieur et madame de Sénectère se feroient un plaisir de vous connoître, et, dès qu’ils vous connoîtroient, qu’ils vous recevroient à bras ouverts. Je vous charge de leur témoigner combien je suis sensible aux égards qu’ils ont eus à ma recommandation. Je vous félicite du plaisir que vous avez eu de faire le voyage avec monsieur le comte

  1. Octavien de Guasco, né à Pignerol en 1712, mort à Vérone le 10 mars 1781. (Ravenel.)
  2. Cet ami de M. de Montesquieu avoit passé quelques années à Paris où il étoit allé pour une maladie des yeux. Son père étant mort, il fut obligé de retourner à Turin, pour l’arrangement de ses affaires domestiques. En passant par cette ville, j’ai ouï dire qu’ayant besoin de l’intervention du ministre pour arranger quelque intérêt, il ne put jamais obtenir audience de M. le marquis d’Orméa, par une suite d’une ancienne inimitié de ce ministre avec son père. C’est aussi par une suite de cette inimitié que ses deux frères avoient pris la résolution de se transplanter dans les pays étrangers, se vouant au service de la maison d’Autriche, où ils n’ont pas eu lieu de se repentir du parti qu’ils avoient pris. (Guasco.)