Mon cher chevalier, que prétendez-vous faire ? Ne voulez-vous point revenir de votre Périgord ? On ne peut aller là que pour manger des truffes. Vous nous laissez ici ; nous vous aimons ; vous êtes un philosophe insupportable.
Je reçois quelquefois des nouvelles de Mme de Mirepoix, qui me dit toujours de vous faire ses compliments. Il y a ici une grande stérilité en fait de nouvelles. Je ne puis vous dire autre chose si ce n’est que les opéras et les comédies [2] de Mme de Pompadour vont commencer, et qu’ainsi M. le duc de Lavallière va être un des premiers hommes de son siècle ; et comme on ne parle ici que de comédies ou de bals [3], Voltaire jouit d’une faveur particulière ; on prétend que le jour qu’il doit donner son Catilina [4], il donnera une Electre ; j’y consens. Les du Châtel sont ici. M. de Forcalquicr se porte en général très-bien. Je vous prie de me conserver toujours votre amitié que j’adore, et d’agréer mon respect infini.
- De Paris, ce 24 novembre 1749.
- ↑ Lettres originales de Montesquieu au chevalier d'Aydie. Paris, an V (août 1797), chez Ch. Pougens.
- ↑ Œuvres posthumes, « les opéras et comédies ».
- ↑ Œuvres posthumes, « de comédies et de bals ».
- ↑ Œuvres posthumes : « On prétend que le jour qu’il doit donner son Catilina, an lieu de donner un Catilina, il donnera une Electre. »