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LETTRES FAMILIÈRES.


l’esprit [1] ; mais ceci est trop relevé pour un pauvre chasseur devant Dieu : ainsi je ne vous parlerai que de notre misère, qui est extrême, et telle qu’il me semble qu’il vaut mieux s’ennuyer que de se divertir devant des misérables. Je ne sais, ma foi, à quoi tout cela aboutira ; mais je sais que tous les lendemains sont pires, et que cela vise à la dépopulation. Nous serons dépopulés, mon cher chevalier, et peut-être passerons-nous devant les autres.

Vous chassez, et je plante des arbres, et je défriche des landes ; il faut s’amuser comme on peut. La ville de Bordeaux est fort triste, et je ne tâte guère de ce séjour.

On dit que le charmant milord [2] est malade à Toulouse.

Agréez, je vous prie, mes sentiments les plus tendres.


Bordeaux, ce 2 janvier 1752.



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LETTRE CXIV [3].


A. M. BRESCON . [4]


L’ode que vous avez eu la bonté de m’envoyer, Monsieur, est digne du héros et du poète. Vous êtes l’Homère d’un nouvel Achille, aussi courageux et plus aimable que l’ancien. Continuez de cultiver les Muses, elles demandent

  1. Œuvres posthumes : « et moi je dis qu’il est très-difficile de faire l’amour avec le cœur et avec l’esprit. »
  2. Milord Hyde de Cornbury, sup. lettre CX.
  3. Communiquée par M. Vian.
  4. Médecin à Mézin, près de Nérac, qui lui avait envoyé une Ode à la louange du duc d’Aiguillon.