Page:Montesquieu - Deux opuscules, éd. Montesquieu, 1891.djvu/47

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Que si on découvre des mines si abondantes qu’elles donnent plus de profit, plus elles seront abondantes plutôt le profit finira.

On dira peut être que les mines d’Allemagne & de Hongrie, d’où Ton ne retire que peu de chose au delà des frais, ne laissent pas d’être très-utiles, c’est que les mines étant dans les païs mêmes y occupent plusieurs milliers d’hommes qui y consomment les denrées surabondantes & sont proprement une manufacture du païs[1].

La différence est que le travail des mines d’Allemagne & d’Hongrie fait valoir la culture des terres, au lieu que le travail de celles qui dépendent de l’Espagne la détruit.

Les Indes et l’Espagne sont deux Puissances sous un même Maître, mais les Indes sont le principal, & l’Espagne n’est que l’accessoire. C’est en vain que la Politique veut ramener le principal à l’accessoire, les Indes attirent toujours l’Espagne à elles.

De cinquante millions de Marchandises qui vont toutes les années aux Indes, l’Espagne ne fournit que deux millions & demi : les Indes font donc un commerce de cinquante millions, l’Espagne de deux millions et demi.

C’est une mauvaise espèce de richesses qu’un tribut d’accident & qui ne dépend ni de l’industrie de la Nation, ni du nombre de ses habitans, ni

  1. V. Esprit des Lois, l. XXI. ch. xxii.