Page:Montesquieu - Lettres persanes II, 1873.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ferme dans le poste où la nature l’a mis ; et que je ne puisse louer la faiblesse de ceux qui, se trouvant au-dessous de leur état, le quittent comme par une espèce de désertion ; je suis cependant frappé de la grandeur d’âme de ces deux princesses, et de voir l’esprit de l’une et le cœur de l’autre supérieurs à leur fortune. Christine a songé à connoître dans le temps que les autres ne songent qu’à jouir ; et l’autre ne veut jouir que pour mettre tout son bonheur entre les mains de son auguste époux.

De Paris, le 27 de la lune de Maharram 1720.

LETTRE CXL.

RICA À USBEK.
À ***.


Le parlement de Paris vient d’être relégué dans une petite ville qu’on appelle Pontoise. Le Conseil lui a envoyé enregistrer ou approuver une déclaration qui le déshonore ; et il l’a enregistrée d’une manière qui déshonore le Conseil.

On menace d’un pareil traitement quelques parlements du royaume.

Ces compagnies sont toujours odieuses : elles n’approchent des rois que pour leur dire de tristes vérités ; et, pendant qu’une foule de courtisans leur représentent sans cesse un peuple heureux sous leur gouvernement, elles viennent démentir la