Aller au contenu

Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 1.djvu/376

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
202
De l’esprit des Lois,

ne falloit plus de lois somptuaires.

Lorsque sous le même empereur, on propora au sénat de défendre aux gouverneurs de mener leurs femmes dans les provinces, à cause des déréglemens qu’elles y apportoient, cela fut rejeté. On dit, que les exemples de la dureté des anciens avoient été changés en une façon de vivre plus agréable[1]. On sentit qu’il falloit d’autres mœurs.

Le luxe est donc nécessaire dans les états monarchiques ; il l’est encore dans les états despotiques. Dans les premiers, c’est un usage que l’on fait de ce qu’on possede de liberté : dans les autres, c’est un abus qu’on fait des avantages de sa servitude, lorsqu’un esclave choisi par son maître pour tyranniser ses autres esclaves, incertain pour le lendemain de la fortune de chaque jour, n’a d’autre félicité que celle d’assouvir l’orgueil, les désirs & les voluptés de chaque jour.

Tout ceci mene à une réflexion. Les républiques finissent par le luxe ; les monarchies par la pauvreté[2]

  1. Multa duritici veterum meliùs & lœtiùs mutate. Tacit. A nal. liv. III.
  2. Opulentia peritura mox egcstatem. Florus, liv. III.