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Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 1.djvu/91

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de M. de Montesquieu.

défense, que sa conversation n’étoit pas inférieure à ses écrits ; éloge que bien peu de grands hommes ont mérité.

Une autre circonstance lui assure pleinement l’avantage dans cette dispute. Le critique, qui, pour preuve de son attachement à la religion, en déchire les ministres, accusoit hautement le clergé de France, & sur-tout la faculté de théologie, d’indifférence pour la cause de Dieu, en ce qu’ils ne proscrivoient pas authentiquement un si pernicieux ouvrage. La faculté étoit en droit de mépriser le reproche d’un écrivain sans aveu : mais il s’agissoit de la religion ; une délicatesse louable lui a fait prendre le parti d’examiner l’esprit des lois. Quoiqu’elle s’en occupe depuis plusieurs années elle n’a rien prononcé jusqu’ici ; &, fût-il échappé à M. de Montesquieu quelques inadvertances légeres, presque inévitables dans une carriere si vaste, l’attention longue & scrupuleuse qu’elles auroient demandé de la part du corps le plus éclairé de l’église, prouveroit au moins combien elles seroient excusables. Mais ce corps, plein de prudence, ne précipitera rien dans une si importante matiere. Il connoît les bornes de la raison & de la foi : il sais que l’ouvrage d’un homme de lettres ne doit point être examiné comme celui d’un théologien ; que les mauvaises conséquences,