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Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 2.djvu/175

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Liv. XVIII. Chap. III.

la Scandinavie sur les bords du Danube, que ce n’étoit point une conquête, mais seulement une transmigration dans des terres désertes.

Ces climats heureux avoient donc été dépeuplés par d’autres transmigrations, & nous ne savons pas les choses tragiques qui s’y sont passées.

« Il paroît par plusieurs monumens, dit Aristote[1], que la Sardaigne est une colonie Grecque. Elle étoit autrefois très-riche ; & Aristée, dont on a tant vanté l’amour pour l’agriculture, lui donna des lois. Mais elle a bien déchu depuis ; car les Carthaginois s’en étant rendus les maîtres, ils y détruisirent tout ce qui pouvoit la rendre propre à la nourriture des hommes, & défendirent, sous peine de la vie, d’y cultiver la terre ». La Sardaigne n’étoit point rétablie du temps d’Aristote ; elle ne l’est point encore aujourd’hui.

Les parties les plus tempérées de la Perse, de la Turquie, de la Moscovie & de la Pologne, n’ont pu se rétablir des dévastations des grand & des petits Tartares.

  1. Ou celui qui a écrit le livre de mirabilibus.