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Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 2.djvu/239

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Liv. XIX. Chap. XVII.

force des supplices, voulurent faire faire aux supplices ce qui n’est pas dans leur pouvoir, qui est de donner des mœurs. Les supplices retrancheront bien de la société un citoyen qui, ayant perdu ses mœurs, viole les lois : mais si tout le monde a perdu les mœurs, les rétabliront-ils ? Les supplices arrêteront bien plusieurs conséquences du mal général, mais ils ne corrigeront pas ce mal. Aussi quand on abandonna les principes du gouvernement Chinois, quand la morale y fut perdue, l’état tomba-t-il dans l’anarchie, & on vit des révolutions.




CHAPITRE XVIII.

Conséquence du chapitre précédent.


Il résulte de là que la Chine ne perd point ses lois par la conquête. Les manieres, les mœurs, les lois, la religion y étant la même chose, on ne peut changer tout cela à la fois. Et comme il faut que le vainqueur ou le vaincu changent, il a toujours fallu à la Chine que ce fût le vainqueur : car ses mœurs n’étant point ses manieres, ses manieres ses lois, ses lois sa religion, il a été plus