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Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 2.djvu/276

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De l’esprit des Lois,

Un commerce mene à l’autre, le petit au médiocre, le médiocre au grand ; & celui qui a eu tant d’envie de gagner peu, se met dans une situation où il n’en a pas moins de gagner beaucoup.

De plus, les grandes entreprises des négocians sont toujours nécessairement mêlées avec les affaires publiques. Mais dans les monarchies, les affaires publiques sont la plupart du temps aussi suspectes aux marchands, qu’elles leur paroissent sûres dans les états républicains. Les grandes entreprises de commerce ne sont donc pas pour les monarchies, mais pour le gouvernement de plusieurs.

En un mot, une plus grande certitude de la prospérité, que l’on croit avoir dans ces états, fait tout entreprendre ; & parce qu’on croit être sûr de ce que l’on a acquis, on ose l’exposer pour acquérir davantage ; on ne court de risque que sur les moyens d’acquérir : or les hommes esperent beaucoup de leur fortune.

Je ne veux pas dire qu’il y ait aucune monarchie qui soit totalement exclue du commerce d’économie ; mais elle y est moins portée par sa nature. Je ne