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Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 2.djvu/345

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Liv. XXI. Chap. X.

par les terres, & par des navires jetés par la tempête : Et comme aujourd’hui on connoît assez bien les côtes de l’Afrique, & très-mal l’intérieur[1], les anciens connoissoient assez bien l’intérieur, & très-mal les côtes.

J’ai dit que des Phéniciens, envoyés par Nécho & Eudoxe sous Ptolomée Lature, avoient fait le tour de l’Afrique : il faut bien, que du temps de Ptolomée le géographe, ces deux navigations fussent regardées comme fabuleuses, puisqu’il place[2], depuis le sinus magnus, qui est, je crois, le golfe de Siam, une terre inconnue, qui va d’Asie en Afrique, aboutir au promontoire Prassum ; de sorte que la mer des Indes n’auroit été qu’un lac. Les anciens qui reconnurent les Indes par le nord, s’étant avancés vers l’orient, placerent vers le midi cette terre inconnue.

  1. Voyez avec quelle exactitude Strabon & Ptolomée nous décrivent les diverses parties de l’Afrique. Ces connoissances venoient des diverses guerres que les deux plus puissantes nations du monde, les Carthaginois & les Romains, avoient eues avec les peuples d’Afrique, des alliances qu’ils avoient contractées, du commerce qu’ils avoient fait dans les terres.
  2. Liv. VII. ch. III.