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Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 2.djvu/356

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De l’esprit des Lois,

voyerent, comme nous avons dit, des colonies sur la Propontide & le Pont-Euxin : elles conserverent, sans les Perses, leurs lois & leur liberté. Alexandre, qui n’étoit parti que contre les barbares, ne les attaqua pas[1]. Il ne paroît pas même que les rois de Pont, qui en occuperent plusieurs, leur eussent[2] ôté leur gouvernement politique.

La puissance[3] de ces rois augmenta, si-tôt qu’ils les eurent soumises. Mithridate se trouva en état d’acheter par-tout des troupes ; de réparer[4] continuellement ses pertes ; d’avoir des ouvriers, des vaisseaux, des machines de guerre ; de se procurer des alliés ; de corrompre ceux des Romains, & les Romains mêmes ; de soudoyer[5] les barbares de l’Asie & de l’Europe ; de faire la

  1. Il confirma la liberté de la ville d’Amise, colonie Athénienne, qui avoit joui de l’état populaire, même sous les rois de Perse. Lucullus qui prit Synope & Amise, leur rendit la liberté, & rappella les habitans qui s’étoient enfuis sur leurs vaisseaux.
  2. Voyez ce qu’écrit Appien sur les Phanagoréens, les Amisiens, les Synopiens, dans son livre de la guerre contre Mithridate.
  3. Voyez Appien, sur les trésors immenses que Mithridate employa dans ses guerres, ceux qu’il avoit cachés, ceux qu’il perdit si souvent par la trahison des siens, ceux qu’on trouva après sa mort.
  4. Il perdit une fois 170000 hommes, & de nouvelles armées reparurent d’abord.
  5. Voyez Appien, de la guerre contre Mithridate.