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Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 2.djvu/83

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Liv. XIV. Chap. XI.

Il y a deux siecles, qu’une maladie inconnue à nos peres passa du nouveau monde dans celui-ci, & vint attaquer la nature humaine jusques dans la source de la vie & des plaisirs. On vit la plupart des plus grandes familles du midi de l’Europe périr par un mal qui devint trop commun pour être honteux, & ne fut plus que funeste. Ce fut la soif de l’or qui perpétua cette maladie : on alla sans cesse en Amérique, & on en rapporta toujours de nouveaux levains.

Des raisons pieuses voulurent demander qu’on laissât cette punition sur le crime : mais cette calamité étoit entrée dans le sein du mariage, & avoit déjà corrompu l’enfance même.

Comme il est de la sagesse des législateurs de veiller à la santé des citoyens, il eût été très-censé d’arrêter cette communication par des lois faites sur le plan des lois Mosaïques.

La peste est un mal dont les ravages sont encore plus promps & plus rapides. Son siege principal est en Égypte, d’où elle se répand par tout l’univers. On a fait dans la plupart des états de l’Europe de très-bons réglemens pour l’empêcher d’y pénétrer ; & on a ima-