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Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 4.djvu/108

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De l’esprit des Lois,


Que veut dire M. l’abbé Dubos avec les déclamations de tous ces évêques, qui dans le désordre, la confusion, la chute totale de l’état, les ravages de la conquête, cherchent à flatter le vainqueur ? Que suppose la flatterie, que la foiblesse de celui qui est obligé de flatter ? Que prouve la rhétorique & la poésie, que l’emploi même de ces arts ? Qui ne seroit étonné de voir Grégoire de Tours, qui, après avoir parlé des assassinats de Clovis, dit que cependant Dieu prosternoit tous les jours ses ennemis, parce qu’il marchoit dans ses voies ? Qui peut douter que le clergé n’ait été bien aise de la conversion de Clovis, & qu’il n’en ait même tiré de grands avantages ? Mais qui peut douter, en même temps, que les peuples n’ayent essuyé tous les malheurs de la conquête, & que le gouvernement Romain n’ait cédé au gouvernement Germanique ? Les Francs n’ont point voulu, & n’ont pas même pu tout changer ; & même peu de vainqueurs ont eu cette manie. Mais, pour que toutes les conséquences de M. l’abbé Dubos fussent vraies, il auroit fallu que non-seulement ils n’eussent rien changé