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Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 4.djvu/128

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De l’esprit des Lois,

conjuration contre Brunehaut ; il fut fait maire de Bourgogne ; il exigea[1] de Clotaire qu’il ne seroit jamais déplacé pendant sa vie. Par-là le maire ne put plus être dans le cas où avoient été les seigneurs François ; & cette autorité commença à se rendre indépendante de l’autorité royale.

C’étoit la funeste régence de Brunehault qui avoit sur-tout effarouché la nation. Tandis que les lois subsisterent dans leur force, personne ne put se plaindre de ce qu’on lui ôtoit un fief, puisque la loi ne lui donnoit pas pour toujours : mais quand l’avarice, les mauvaises pratiques, la corruption firent donner des fiefs, on se plaignit de ce qu’on étoit privé par de mauvaises voies des choses que souvent on avoit acquises de même. Peut-être que, si le bien public avoit été le motif de la révocation des dons, on n’auroit rien dit : mais on montroit l’ordre, sans cacher la corruption ; on réclamoit le droit du fisc, pour prodiguer les biens du fisc à sa fantaisie ; les dons ne furent plus la

  1. Chronique de Frédégaire, ch. xlii, sur l’an 613. Sacramento à Clotario accepto ne unquàm vitæ suæ teomporitus degradaretur.