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Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 4.djvu/190

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De l’esprit des Lois,

rellement le bien, & pour tout dire enfin, le fils de Charlemagne, put avoir des ennemis si nombreux[1], si violens, si irréconciliables, si ardens à l’offenser, si insolens dans son humiliation, si déterminés à le perdre : Et ils l’auroient perdu deux fois sans retour, si ses enfans, dans le fond plus honnêtes gens qu’eux, eussent pu suivre un projet & convenir de quelque chose.




CHAPITRE XXI.

Continuation du même sujet.


La force que Charlemagne avoit mise dans la nation subsista assez sous Louis le débonnaire, pour que l’état pût se maintenir dans sa grandeur, & être respecté des étrangers. Le prince avoit l’esprit foible ; mais la nation étoit guerriere. L’autorité se perdoit au-dedans, sans que la puissance parût diminuer au dehors.

Charles Martel, Pépin & Charlemagne gouvernerent l’un après l’autre la

  1. Voyez le proces-verbal de sa dégradation, dans le recueil de Duchesne, tome II, p. 331. Voyez aussi sa vie écrite par Tégan. Tanto enim odio laborabant, ut tœderet eos vitâ ipsius, dit l’auteur incertain, dans Duchesne, tome II, p. 307.