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Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 4.djvu/196

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De l’esprit des Lois,

qui attaqua le plus le patrimoine du clergé ; soit qu’il fût le plus irrité contre lui, parce qu’il avoit dégradé son pere à son occasion ; soit qu’il fût le plus timide. Quoi qu’il en soit, on voit dans les capitulaires[1] des querelles continuelles entre le clergé qui demandoit ses biens, & la noblesse qui refusoit, qui éludoit, ou qui différoit de les rendre ; & les rois entre deux.

C’est un spectacle digne de pitié, de voir l’état des choses en ces temps-là. Pendant que Louis le débonnaire faisoit aux églises des dons immenses de ses domaines, ses enfants distribuoient les biens du clergé aux laïques. Souvent la même main qui fondoit des abbayes nouvelles, dépouilloit les anciennes. Le clergé n’avoit point un état fixe.

  1. Voyez le même capitulaire de l’an 846, in villà Sparnaco. Voyez aussi le capitulaire de l’assemblée tenue apud Marsnam, de l’an 847, art. 4, dans laquelle le clergé se retrancha à demander qu’on le remît en possession de tout ce dont il avoit joui sous le regne de Louis le débonnaire. Voyez aussi le capitulaire de l’an 851, apud Marsnam, art. 6 & 7, qui maintient la noblesse & le clergé dans leurs possessions : & celui apud Bozoilum, de l’en 856, qui est une remontrance des évêques au roi sur ce que les maux, après tant de lois faites, n’avoient pas été réparés : & enfin la lettre que les évêques assemblés à Rheims écrivirent, l’an 858, à Louis le Germanique, art. 8.