Aller au contenu

Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 4.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
204
De l’esprit des Lois,

des malheureux restes du royaume ; on lui déféra une couronne qu’il étoit seul en état de défendre. C’est ainsi que depuis on a donné l’empire à la maison qui tient immobiles les frontieres des Turcs.

L’empire étoit sorti de la maison de Charlemagne, dans le temps que l’hérédité des fiefs ne s’établissoit que comme une condescendance. Elle fut même plus tard[1] en usage chez les Allemands que chez les François : cela fit que l’empire, considéré comme un fief, fut électif. Au contraire, quand la couronne de France sortit de la maison de Charlemagne, les fiefs étoient réellement héréditaires dans ce royaume : la couronne, comme un grand fief, le fut aussi.

Du reste, on a eu grand tort de rejeter sur le moment de cette révolution tous les changemens qui étoient arrivés, ou qui arriverent depuis. Tout se réduisit à deux événemens, la famille régnante changea, & la couronne fut unie à un grand fief.

  1. Voyez ci-dessus le ch. xxx, page 199.