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Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 4.djvu/260

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Défense

étoit la premiere des lois naturelles. Il ne lui a pas été défendu, plus qu’aux philosophes & aux écrivains du droit naturel, de considérer l’homme sous divers égards : il lui a été permis de supposer un homme comme tombé des nues, laissé à lui-même & sans éducation, avant l’établissement des sociétés. Eh bien ! l’auteur a dit que la premiere loi naturelle, la plus importante, & par conséquent la capitale, seroit pour lui, comme pour tous les hommes, de se porter vers son créateur : il a aussi été permis à l’auteur d’examiner quelle seroit la premiere impression qui se feroit sur cet homme, & de voir l’ordre dans lequel ces impressions seroient reçues dans son cerveau : & il a cru qu’il auroit des sentimens, avant de faire des réflexions ; que le premier, dans l’ordre du temps, seroit la peur ; ensuite, le besoin de se nourrir, &c. L’auteur a dit que la loi qui, imprimant en nous l’idée du créateur, nous porte vers lui, est la premiere des lois naturelles : le critique dit que la premiere loi naturelle est d’aimer Dieu. Ils ne sont divisés que par les injures.