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Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 4.djvu/273

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de l’esprit des Lois.

gens ; qu’on y détruisoit les opinions pernicieuses, qu’on y encourageoit les bonnes.

D’un autre côté, voilà un homme qui en parle comme d’un livre dangereux ; il en a fait le sujet des invectives les plus outrées. Il faut que j’explique ceci.

Bien loin d’avoir entendu les endroits particuliers qu’il critiquoit dans ce livre, il n’a pas seulement su quelle étoit la matiere qui y étoit traitée : ainsi, déclamant en l’air, & combattant contre le vent, il a remporté des triomphes de même espece ; il a bien critiqué le livre qu’il avoit dans la tête, il n’a pas critiqué celui de l’auteur. Mais comment a-t-on pu manquer ainsi le sujet & le but d’un ouvrage qu’on avoit devant les yeux ? Ceux qui auront quelques lumieres, verront du premier coup d’œil que cet ouvrage a pour objet les lois, les coutumes & les divers usages de tous les peuples de la terre. On peut dire que le sujet en est immense ; puisqu’il embrasse toutes les institutions qui sont reçues parmi les hommes ; puisque l’auteur distingue ces institutions ; qu’il examine celles qui conviennent le plus à la