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Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 4.djvu/325

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de l’esprit des Lois.

elle est celui dans lequel il est plus difficile de montrer un bon naturel ; il faut avoir attention à ne point augmenter, par l’aigreur des paroles, la tristesse de la chose.


Quand on écrit sur les grandes matieres, il ne suffit pas de consulter son zele ; il faut encore consulter ses lumieres ; & si le ciel ne nous a pas accordé de grands talens, on peut y suppléer par la défiance de soi-même, l’exactitude, le travail & les réflexions.


Cet art de trouver dans une chose, qui naturellement a un bon sens, tous les mauvais sens qu’un esprit qui ne raisonne pas juste peut leur donner, n’est point utile aux hommes : ceux qui le pratiquent ressemblent aux corbeaux, qui fuient les corps vivans, & volent de tous côtés pour chercher des cadavres.


Une pareille maniere de critiquer produit deux grands inconvéniens. Le premier, c’est qu’elle gâte l’esprit des lecteurs, par un mélange du vrai & du