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Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 4.djvu/35

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Liv. XXX. Chap. X.

tre, ni reçu une portion tierce d’un Romain, il étoit toujours censé de la famille de son maître. Le Romain propriétaire étoit donc libre, puisqu’il n’étoit point dans la famille d’un autre ; il étoit libre, puisque sa portion tierce étoit un signe de liberté.

Il n’y a qu’à ouvrir les lois Saliques & Ripuaires, pour voir que les Romains ne vivoient pas plus dans la servitude chez les Francs, que chez les autres conquérans de la Gaule.

M. le comte de Boulainvilliers a manqué le point capital de son systême ; il n’a point prouvé que les Francs ayent fait un règlement général qui mît les Romains dans une espece de servitude.

Comme son ouvrage est écrit sans aucun art, & qu’il y parle avec cette simplicité, cette franchise & cette ingénuité de l’ancienne noblesse dont il étoit sorti, tout le monde est capable de juger, & des belles choses qu’il dit, & des erreurs dans lesquelles il tombe. Ainsi je ne l’examinerai point. Je dirai seulement qu’il avoit plus d’esprit que de lumieres, plus de lumieres que de savoir : mais ce savoir n’étoit point méprisable, parce que, de notre histoire