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Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 4.djvu/68

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De l’esprit des Lois,

empêchoit ces leudes de les mener eux-mêmes.

Mais qui est-ce qui menoit les leudes à la guerre ? On ne peut douter que ce ne fût le roi, qui étoit toujours à la tête de ses fideles. C’est pour cela que dans les capitulaires on voit toujours une opposition entre les vassaux[1] du roi & ceux des évêques. Nos rois courageux, fiers & magnanimes, n’étoient point dans l’armée pour se mettre à la tête de cette milice ecclésiastique ; ce n’étoient point ces gens-là qu’ils choisissoient pour vaincre ou mourir avec eux.

Mais ces leudes menoient de même leurs vassaux & arriere-vassaux ; & cela paroît bien par ce capitulaire[2]Charlemagne ordonne que tout homme libre, qui aura quatre manoirs, soit dans sa propriété, soit dans le bénéfice de quelqu’un, aille contre l’ennemi, ou suive son seigneur. Il est visible

  1. Capitulaire I, de l’an 812, art. 5 de hominibus nostris, & episcoporum & abbatum qui vel beneficia, vel talia propria habent, &c. édition de Baluze, tome I, pag. 490.
  2. De l’an 812, ch. i., édit. de Baluze, p. 490. Ut omnis homo liber qui quatuor mansos vestitos de proprio suo, five de alieujus beneficio, habet, ipse se præparet, & ipse in hostem pergat, five cum seniore suo.