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Page:Montholon - Souvenirs de Sainte-Hélène, 1901.pdf/227

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il te rendra heureuse, ne te donnera jamais de chagrin, et soignera bien ses soeurs et son petit frère Charles. Rappelle-moi au bon souvenir de Yolande, bonne et excellente sœur. Tu sais ce que je pense quand je pense à toi, n’est-ce pas dire toujours : sois heureuse ! À toi, tout à toi, pour la vie !

M.


Longwood, ce 3 août 1819.

Je ne t’écrirai qu’un mot aujourd’hui, ma bonne Albine ; c’est presque impardonnable lorsque l’on est si loin, si longtemps sans lettres, mais je suis mal disposé et je craindrais de te communiquer toute la tristesse de mon âme.

Toujours rien de nouveau ici ; presque tous les jours, des bâtiments signalés, mais aucun qui nous amène les médecins tant annoncés et si impatiemment attendus par moi ! Quelle vie, grand Dieu Je n’aurai jamais le courage de prolonger notre séparation ; j’avoue toute ma faiblesse. J’ai un besoin de toi que je ne puis exprimer. Il me semble que, de la vie, il ne me reste plus que les peines et un souffle insupportable. Je cache autant que je le peux le chagrin qui m’accable ; personne ici ne m’entendrait, personne n’y sait aimer, et je n’y trouve, au lieu de cœur, que des morceaux de lave refroidis par le temps !