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Page:Montholon - Souvenirs de Sainte-Hélène, 1901.pdf/99

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livres étaient à notre disposition. C’était une grande ressource ; j’apprenais l’anglais en traduisant Rasslas (?) sous la direction du docteur O’Meara ou de M. de Las-Cases, qui me corrigeaient.

Un peu avant le dîner, l’Empereur, l’amiral, les dames, les officiers français, plusieurs Anglais se rendaient dans le salon dit « du mal de mer ». Quand l’Empereur ne jouait pas, il causait ; un jour, il parlait de l’Égypte, et ne me voyant pas, il oublia que j’étais là et se laissa aller à parler comme on peut le faire au corps de garde, ce qui m’embarrassa extrêmement et doublement, me trouvant devant des Anglais. L’Empereur s’étant retourné me vit et s’écria : « Ah ! Madame, je ne vous voyais pas ; » et moi de rougir bien plus encore, voyant tous les yeux fixés sur moi.

Les Anglais s’amusaient beaucoup de voir l’Empereur jouer aux échecs avec le grand maréchal, le général Gourgaud ou le général Montholon alternativement. Il les battait presque toujours ; mais ces messieurs jouaient aussi entre eux, et le général Gourgaud, qui quelquefois gagnait l’Empereur, perdait toujours contre