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Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/110

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Poètes français du Canada[1]



« Le Canadien français, au cours de sa brève existence, écrit M. Gabriel Hanotaux, sut trouver en lui-même un principe de vitalité, je veux dire une âme, une âme locale et française tout à la fois ». Par cette âme, qu’il réchauffait ainsi en lui-même, le Canadien français a vécu. Il a résisté. Il est resté ce qu’il était. Cela seul lui mériterait le respect et l’admiration, si ceux qui affectent de le mépriser pouvaient se hausser jusqu’à le comprendre. Une même pensée nourrit sa volonté patiente : survivre, rester fidèle à ses origines, transmettre à ses descendants l’héritage qui fait sa fierté. Son esprit routinier et têtu le servit à merveille, dès les premiers jours de la défaite. En déposant les armes, il garda son courage. Son attitude fut noble et simple, et son cœur fut juste, même sous les coups de l’injustice, même au sein du malheur, même après qu’il eût triomphé. Combien pourraient en dire autant ? Si quelqu’un donna une leçon de tolérance et de grandeur, ce fut lui. Encore aujourd’hui il inclinerait à l’indulgence, si les assauts répétées d’un orgueil traditionnel n’a-

  1. Préface des Influences françaises au Canada, par M. Jean Charbonneau — Montréal, 1916.