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Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/128

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débarrasse définitivement des tâtonnements et des exagérations d’un empirisme facile.

Car nous exagérons volontiers. Nous n’avons pas toujours le sens de la mesure et la modération peut n’être pas notre fait. C’est parfois un aimable défaut, c’est souvent une très mauvaise qualité. Que de fois n’a-t-on pas déploré l’ardeur excessive de nos enthousiasmes ou la naïveté spontanée de nos dédains ! C’est fort bien. Il faut, sur ce clou qui s’enfonce, précipiter les coups d’un marteau généreux.

D’où nous viennent ces emportements dans le bien comme dans le mal que nous disons et, j’imagine, que nous pensons de nos écrivains et d’un peu tout le monde ? Cela tient à plusieurs raisons. La pauvreté de notre vocabulaire gêne l’expression étendue et libre de nos jugements et la réduisent à l’emploi des formules toutes faites et des clichés ; nous manquons aussi de pénétration critique et nos observations sont, le plus souvent, de surface ; enfin, par une sorte de snobisme à rebours, il arrive que nous condamnions sans forme ni procès des œuvres qui ont, pour nous, ce défaut congénital d’être canadiennes.

Arrêtons-nous sur ce dernier point. Nous lisons trop peu les ouvrages écrits par des Canadiens. Ce sont des livres de tout repos : ils ornent les rayons de nos meubles élégants. J’en sais dont les mar-