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Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/176

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LA TRADITION FRANÇAISE

assurée et la richesse acquise, il reste à la nation le devoir de s’instruire… Vous le reconnaissez, puisque vous êtes là, et vous voudrez être les artisans de la pensée et de l’art. C’est par vous que ce progrès pénétrera notre société ; vous vous empresserez à le réaliser, vous y consacrerez votre esprit. Lisez, apprenez, pensez. Mais lire est inutile, si, le livre fermé, rien ne reste : des pages parcourues, des notes rencontrées, des volumes dépouillés doit jaillir la science par la réflexion. Cette science, faites-en l’application à votre pays immédiatement, et vous l’aurez servi si, votre vie durant, vous ne lui aviez fait que le don inappréciable d’une idée bonne.

Je sais bien que le siècle est ailleurs et que notre civilisation est faite d’arrivisme pratique ; mais vous donnerez tort à notre temps en demeurant des intellectuels, malgré le sens que l’on semble vouloir donner aujourd’hui à ce mot quand il n’implique que curiosité de l’esprit, spéculation, pensée. Et vous aurez ainsi contribué à fonder en vérité et en raison cet orgueil national que l’on nous reproche si fort, comme s’il ne nous venait pas de notre race et du sang qui bat dans nos veines.

Enfin, vous aurez une fierté de plus : celle du cœur.

Soyez satisfaits d’être des hommes qui souffrent, que la vie émeut, que la douleur atteint. Ayez