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Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/26

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nations, avant de devenir irrévocable, dépend peut-être d’une parcelle de courage, d’une étincelle d’héroïsme.

« Il se peut que nous soyons à la veille d’un de ces conflits gigantesques d’où les peuples sortiront renouvelés, où des pays et des civilisations seront écrasés : que la grandeur du péril ne nous fasse pas croire à notre impuissance ! Que chacun de nous fasse son devoir, avec une immense espérance, comme s’il devait être la petite main qui fait basculer la pierre. »

Ainsi la vie d’Henry du Roure avait été une longue veillée des armes. L’ordre de mobilisation ne le surprit pas. Il était prêt : il partit. Il fit la campagne de Lorraine, sur la terre du souvenir, où chaque pas en avant est une revanche ; où la bataille est plus intense, parce qu’elle marque les étapes d’un retour, retour du tricolore aux murs des anciennes mairies et sur les places publiques où, dans un décor d’architecture française, nous écoutions, il y a de cela deux ans, des musiques allemandes sanglées de bleu jouer, avec une raideur calculée et des éclats de cuivre, Poète et Paysan. Il est mort à Flirtey, près de Pont-à-Mousson, au mois de septembre, à l’automne, au moment où les bleus arrivent à la caserne apprendre l’héroïsme. Il est mort à son poste, frappé de cinq balles, en chargeant à la baïonnette, avec ce fusil « qui fait