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Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/39

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le résultat. La partie est gagnée. Robert Lescœur a renversé le ministère. Et les camelots de Paris portent au peuple le nom d’une idole nouvelle. Et puis, à quoi bon insister maintenant ? C’est l’avenir promis dès le lendemain par toute la presse. Lescœur passe aux hommes d’État. Il sera ministre, plusieurs fois, et Président du Conseil. Ses discours seront affichés ; il publiera ses œuvres, il sera peut-être de l’Académie française. Il est parvenu au sommet de son rêve ; au pinacle du temple qu’il s’est élevé de ses mains. Rien ne peut s’ajouter à sa renommée, consacrée par Paris. A-t-il, dans une telle satisfaction, épuisé l’ardeur qui le ronge ? Est-il seulement heureux ? Possède-t-il, au sein de ces richesses et de ces honneurs, une parcelle du bonheur qu’il a convoité ?

Pas même. Il est atrocement malheureux. Sa vie, sa pauvre vie intime, auprès de laquelle l’autre n’est qu’emprunt, est misérable, déchirée, pantelante. Autour de lui, nous cherchons une affection qui trouve un écho dans son cœur. Si, peut-être son fils, le petit Paul, dont les sourires sont la seule vérité de sa vie. Il l’aimait. Son secret désir de durée renaissait en celui qui devait le prolonger. Son égoïsme désarmait devant ce petit cœur d’enfant. Tout au moins trouva-t-il des larmes pour pleurer sa mort. Car il est mort, un jour de grande séance. Lescœur défendait son ministère contre