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Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/68

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Il a donné des coups, largement : mais il en a reçu. Quel est le journaliste qui consentirait à en recevoir seulement ? Ses mots étaient des traits. La page où la plupart de ses biographes les ont réunis semble une cible criblée de balles. Cependant, il n’a pas cédé à la haine. Il le dit plusieurs fois et on doit l’en croire.[1] Ce qu’il convient d’admirer surtout chez lui c’est sans doute l’unité de sa doctrine, c’est aussi sa probité. Il a défendu ses convictions, sans trêve, sans repos, sans merci. On ne peut pas lui en faire un grief. Il n’a pas voulu être populaire. Il a refusé volontairement la sympathie de certain public. Il s’en est tenu à ses opinions. Il eut pu devenir un auteur applaudi, recherché, consacré. « Il eut écrit d’excellents romans satiriques et réalistes, dit Jules Lemaître ; il eut, fort aisément, mis Edmond About et quelques autres dans sa poche ; il aurait été académicien ; il n’aurait eu, en fait d’ennemis, que sa portion congrue ; il commencerait à entrer dans les anthologies qu’on fait pour les lycées, et une rue de Paris porterait son

  1. « Les hommes sont vraiment mes frères, écrit-il à Eugène Veuillot. Je les aime et je les plains, et il ne me viendrait jamais à la pensée d’en accuser un seul, si je n’espérais par là servir tous les autres et le servir lui-même. » (Correspondance, 1. 73) Voyez ses lettres à Madame de Pitray (Correspondance, III. 245 et suiv.), et comment il y traite ses adversaires — Cf. également le Louis Veuillot d’Eugène Tavernier et particulièrement le chapitre huitième intitulé : Luttes entre catholiques. — Cf Louis Veuillot, par J. Renault, pp 110 et suiv.