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Page:Moran - Pourquoi le mort jouait-il du piano, 1944.djvu/24

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naissait le fameux « Érudit », il répondit aussitôt :

— En effet, il habite ici depuis une quinzaine, malheureusement, si vous voulez le voir, vous tombez mal… Il est à l’hôpital…

— À l’hôpital ! répétâmes-nous simultanément…

— Oui, à Beaujon… Il a été renversé l’autre soir par un camion et je crois que son état est assez grave… C’est l’hôpital qui m’a téléphoné pour me demander si on lui connaissait de la famille…

— Et quand cela lui est-il arrivé ? demanda Delbarre…

— Attendez… Cela devait être il y a quatre ou cinq jours, je ne peux préciser…

Sans plus attendre, nous nous rendîmes à Beaujon…

Avant d’aller voir le blessé, Delbarre demanda à consulter la fiche d’entrée…

Celle-ci portait que l’homme avait été amené par le car de Police-Secours le 16 juin à 23 heures 45.

— Le 16 juin à 23 heures 45, répétai-je… mais c’est le soir même du meurtre…

— En effet, ajouta Delbarre… Et à 23 heures 45, c’est-à-dire entre le moment de votre départ pour votre journal et votre découverte du crime…

— Oui… Évidemment, c’est troublant, repris-je. En somme, cet homme a été vu à l’ « Antilope » vers 20 heures. Il se dispute avec la victime, tous deux sortent de l’ « Antilope »… Ensuite : mystère !

— Vous quittez votre appartement à 23 heures, c’est-à-dire approximativement au moment où les deux hommes — en admettant cette hypothèse — s’introduisent chez vous… Puis à 23 heures 45, l’ « Érudit » est tamponné par un camion et transporté à l’hôpital et vous rentrez chez vous à 2 heures pour découvrir le corps.

— En effet, répondis-je… Tout semblerait donc prouver que cet… « Érudit » doit savoir quelque chose sur le crime…

— Nous allons être fixés avant peu… Voyons où il est hospitalisé ? Ah ! Pavillon Dupuytren, Salle Ambroise Paré, lit 7… Allons…

Nous longeâmes d’interminables couloirs ! Enfin, nous arrivâmes devant la salle… Nous cherchâmes le lit 7… Il était vide. Nous pensâmes nous être trompés.

— Le lit 7, Mademoiselle, demanda Delbarre à une infirmière qui passait à cet instant… C’est l’homme qui a été renversé par un camion…

— Le 7, Monsieur… Vous êtes de sa famille ?

— Euh… des amis, fis-je…

— C’est bien malheureux, reprit l’infirmière… Ce pauvre garçon est mort ce matin… Tous nos efforts ne sont pas parvenus à le sauver…

Nous restions là, stupides, en entendant la nouvelle inattendue…

— Sapristi ! fit enfin Delbarre… Allons au greffe, nous demanderons si on veut nous laisser consulter ses papiers…

Il fut très facile à Delbarre, sur présentation de sa carte, d’obtenir satisfaction, mais rien, absolument rien ne put être découvert ayant rapport de loin ou de près avec ce qui nous intéressait.