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Page:Moran - Pourquoi le mort jouait-il du piano, 1944.djvu/27

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Il s’est soudain disputé avec un habitué de “ l’Antilope ” (page 23)

imprimé, fait davantage ressortir ses qualités ou ses défauts, c’est toujours quand il est trop tard pour corriger que les coquilles, les lapsus, les erreurs, apparaissent comme s’ils n’eussent attendu que cet instant pour se révéler… Trois fois de suite, je relus mon texte… Je ne remarquai rien susceptible de confirmer mes appréhensions… Je pliai le journal, le mis sous mon bras et continuai ma route, lorsque, soudain, je m’arrêtai brusquement… Fébrilement je rouvris le « Soir » et relus une nouvelle fois mon papier avec avidité…

Cette fois, ma légèreté m’apparut dans toute son horreur. J’étais anéantie. La fatalité s’acharnait contre moi… Contre moi qui faisait cependant tout pour m’efforcer de déjouer cette menace que je sentais rôder en permanence. Et voilà que, stupidement, je m’offrais en holocauste !

Je courus jusque chez moi, gravis en hâte mes cinq étages et me jetai sur mon divan… Comment allais-je pouvoir réparer mon étourderie ? Pourtant, j’espérais encore que Delbarre dédaignerait, à son habitude sans doute, de lire mon article… Je n’avais pas le courage de manger… À demi-écroulée sur mon divan, je me torturais pour trouver un moyen d’atténuer ma bévue. Le temps