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Page:Morelles - Les diamants de Kruger, 1906.djvu/147

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na aux oreilles de Dolbret : Now ! Il lui semblait avoir entendu cette voix ailleurs, l’avoir entendue avec la même intonation sournoise : ç’avait été comme un souffle, un murmure. Puis, une fois le mot prononcé, des pas précipités avaient retenti tout près d’eux, sur un espace de vingt pieds à peu près. Le silence était maintenant complet, un héraut venait d’annoncer solennellement qu’Amphitrite s’avançait du fond d’une grotte pour être conduite à son époux céleste, Neptune. La curiosité, si habilement et si longuement aiguillonnée, arrivait à son paroxysme et des milliers d’yeux étaient fixés sur l’entrée de la caverne, représentée pour le moment par la porte du salon qui simulait, grâce à de véritables décors peints, une ouverture pratiquée dans le flanc d’un rocher sauvage. Les spectateurs étaient enthousiasmés de l’idée ; on se consolait maintenant d’avoir manqué le baptême de la ligne, puisqu’on avait un mariage en échange. Dolbret entendit encore une fois le mot : Now ! À ce moment même, le feuillage qui bouchait l’entrée de la caverne s’écarta et, vêtue d’une longue robe blanche, tenant en sa main droite un sceptre d’or, la tête surmontée d’un diadème vert où brillaient vingt diamants, Amphitrite, représentée par Berthe Moritmer, s’avança majestueusement, suivie de cinq nymphes à peu près vêtues comme elle, ce qui était fort décent pour des nymphes. Des exclamations d’admiration partaient de toutes les bouches et des applaudissements éclatèrent quand Amphitrite, avant de mettre le pied sur la nacelle, se retourna et sourit à la foule. Il avait suffi d’une robe drapée et d’une couronne posée sur cette tête superbe pour évoquer d’un coup l’ad-