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Page:Morelles - Les diamants de Kruger, 1906.djvu/151

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temps, et Dolbret craignait que Miss Mortimer n’eût pas la force d’attendre qu’elles vinssent à sa rescousse. Une exclamation d’horreur retentit quand la pauvre jeune fille, à moitié évanouie, réussit à sortir la tête hors de l’eau. Dolbret était à vingt pieds d’elle. Elle l’aperçut et sourit, puis retomba et disparut encore une fois. Ce sourire décupla les forces de Pierre : faisant un effort surhumain il arriva près d’elle et plongea. Quand il revint à la surface, la tenant par les cheveux avec ses dents, on lui tendit une rame ; il la saisit avec tant de précipitation qu’elle échappa au matelot qui la tenait. Mais le plus difficile était fait et on les hissa tous les deux dans l’embarcation. Il était temps ; Dolbret n’eut pas la force de prendre pied tout seul, il fallut l’aider.

La grande quantité d’eau absorbée par Berthe lui causait des douleurs intolérables et Pierre, trop ébranlé encore pour s’occuper de ses propres souffrances, demanda en grâce au capitaine, qui lui commandait de se reposer, de le laisser veiller sur celle qu’il venait de sauver. Cette faveur lui ayant été refusée, il rentra chez lui.

Wigelius et Stenson l’y attendaient. Le premier lui pressa la main en silence ; cette poignée de main était un hommage, bien simple, il est vrai, à la vaillance et au courage. Et comme Dolbret tendait sa main aussi à Stenson, celui-ci ne donna pas la sienne, mais prenant Pierre dans ses bras, il lui donna une chaleureuse accolade en disant :

— Merci, merci !

— Merci ? demanda Pierre, que voulez-vous dire ?

Il ne comprit que trop vite. La paupière de