Aller au contenu

Page:Morelles - Les diamants de Kruger, 1906.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 153 —

— Maintenant dit Wigelius, j’oubliais quelque chose d’important. Comme je le disais tantôt, au moment où vous vous jetiez à l’eau, Stenson voulut en faire autant, mais il reçut en pleine poitrine un coup de poing qui faillit le renverser. C’était le Dean qui donnait de ses nouvelles.

— Ah ! la canaille, vociféra Dolbret, ce sont eux…

— Attendez, ce n’est pas tout. Le mauvais garnement n’est pas bête après tout. Il s’est dit probablement : « J’ai perdu ma barbe, je ne la retrouverai peut-être pas, il faut que je me tire d’affaire autrement. Tiens, voilà un bal masqué qui va m’y aider. Il y bien des manières de se déguiser. Certaines gens, comme ce chenapan de Dolbret — comme de raison, c’est le Dean qui parle — se mettent des barbes postiches, d’autres se cachent le visage sous un masque ; mon masque, ce sera le contraire d’un masque : Je monte sur le pont, je me mêle à la foule, et tout le monde trouve très drôle de voir que pour me déguiser, je me suis entièrement rasé. Et la farce est jouée. »

Voilà probablement, très probablement, le raisonnement qu’il s’est fait. Si ce sont eux qui ont monté le coup, sa présence sur le pont devenait sans doute indispensable et c’est la nécessité qui lui a inspiré ce truc.

— Il me semble que j’ai reconnu sa voix, dit Dolbret ; je lui ai entendu dire trois fois de suite, par intervalles, le mot « Now ».

— En même temps, au moment même où vous vous jetiez à l’eau, le Dean a dit à Stenson, en lui assénant un coup de poing : « That’ll teach you how to mind your own business ». Et c’est pourquoi notre ami n’a pas pu faire comme vous.