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Page:Morelles - Les diamants de Kruger, 1906.djvu/176

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sûr que cette parole de votre bouche mettra du bonheur dans le cœur de Stenson pour longtemps.

— Et pourquoi ?

— Ah ! Berthe, John Stenson est comme moi, il est votre esclave. Je tremble en vous confiant ces choses, mais dans mon bonheur, il faut que je sois généreux, et la moindre générosité de ma part me commande de vous faire cet aveu.

— Pauvre garçon, dit Berthe moitié riant moitié sérieuse.

— Ah ! ne riez pas, Berthe, dit Pierre avec presque des larmes dans la voix, ne riez pas : vous ne pouvez comprendre la torture dont mon âme a été crispée quand Stenson m’a embrassé en me disant : « Merci pour elle » ! J’ai souffert pour moi et surtout pour ce pauvre ami.

Berthe ne riait plus. Son front se penchait et peut-être, en cet instant, malgré son insouciance de jeune fille heureuse, entrevoyait-elle un peu des douleurs innombrables que les femmes sèment sur leurs pas, un peu des pleurs qu’un simple regard de leurs yeux peut faire couler.

Elle dit à Dolbret :

— Allez les chercher que je les remercie.

Pierre sortit et revint bientôt avec Wigelius et Stenson.

Comme ils hésitaient, Miss Mortimer leur dit :

— Entrez, entrez, n’ayez pas peur, monsieur Dolbret ne vous fera pas de mal.

— Mes amis, dit Pierre, Miss Mortimer a voulu vous voir pour vous remercier de ce que vous voulez bien faire pour son oncle. Elle comprend toute votre grandeur d’âme de vous sacrifier ainsi pour un homme que vous ne connaissez même pas, et