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Page:Morelles - Les diamants de Kruger, 1906.djvu/194

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monsieur le Dean boit du scotch avec son ami Bilman.

— Alors je ne m’explique pas votre calme.

— Je vais vous l’expliquer moi-même.

— Parlez vite.

— Pendant que Horner se promène et que vous flânez, moi je travaille. Voici ce que j’ai fait.

Hier j’ai su par Natsé que Dolbret partait ce soir. Alors j’ai envoyé le Japonais à Durban. Natsé est bon télégraphiste, comme vous savez. Demain matin, il ira à la gare, il réussira, je le suppose, à détourner l’attention du télégraphiste ou à le faire sortir, et pendant son absence il télégraphiera ce qui suit au général Buller, en son camp de Chieveley :

« Dewet a été vu hier soir. Dois-je laisser partir les trains ? Répondez immédiatement. »

— Et qui signera le télégramme ? demanda Polson.

— Cela ne me regarde pas, c’est l’affaire de Natsé. Vous voyez d’ici la panique tout le long de la ligne du télégraphe, par exemple à la station de Pietermaritzburg où le télégramme sera certainement pris au passage. Le moins qu’on pourra faire, ce sera de contremander tous les trains.

— C’est bien, vous êtes un maître, Ascot. Mais il y a autre chose : Dolbret prendra tout simplement le train suivant.

Ascot se mit à rire :

— Vous ne connaissez pas le cœur humain.

— J’avoue, dit Polson.

— Moi, je le connais, je sais bien une chose : quand le docteur verra qu’il ne part pas de train ni le matin ni l’après-midi, il s’en ira tout bête-