Aller au contenu

Page:Morelles - Les diamants de Kruger, 1906.djvu/216

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 214 —

— Singulier en effet, dit Ascot.

Natsé et Polson se penchèrent pour voir a l’intérieur de la boîte ouverte, puis ils se regardèrent en riant :

— Singulier, pas de cordes, pas de table d’harmonie, rien, une boîte vide ; vous comprenez, maintenant, Natsé, pourquoi la vieille a ri de vous. Il n’y a pas plus de pianos à accorder que sur la main. Voyons les autres.

Et il se mirent, chacun de leur côté, à soulever les couvercles des boîtes noires. Elles étaient toutes vides.

— By Jove ! fit tout à coup Ascot, au fond de la salle.

En même temps, il laissa retomber violemment le couvercle d’un piano qu’il venait d’ouvrir.

— Devenez-vous fou, dit Bilman, vous allez gâter toute l’affaire. Tiens, allons-nous-en.

— Par ici, par ici, dit Ascot, venez voir.

— Mais enfin, qu’est-ce que vous avez ? avez-vous vu le diable ?

— Je n’ai pas vu le diable, mais il s’en faut de peu.

Ils firent de la lumière et soulevèrent à nouveau le couvercle de l’instrument.

— Voyez, dit Ascot.

À la lueur vacillante de l’allumette, ils aperçurent, bien couchés et attachés par des courroies au fond de la caisse du piano, les canons et la chambre de charge d’une mitrailleuse Maxim. Les gueules multiples étaient là, braquées sur eux dans l’ombre où l’acier jetait des blancheurs. Ces hommes, accoutumés pourtant à tout oser et à tout braver, reculèrent à cette vue. Ce mouvement était