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Page:Morelles - Les diamants de Kruger, 1906.djvu/262

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toute terrible qu’elle soit, ne l’est pas plus, elle l’est peut-être moins, que la mort d’un pauvre diable mijotée, pour ainsi dire, dans une cour de justice.

Ordre fut donné de faire venir tous les officiers et les hommes de la compagnie pour entendre prononcer la sentence.

— Pierre Dolbret, dit le colonel, d’une voix lente et ferme, vous vous êtes rendu coupable d’une offense grave, d’une offense qui aurait pu avoir des conséquences sérieuses, qui aurait pu priver Sa Majesté de services dont elle a tant besoin on ce moment. En temps de paix vous seriez sévèrement puni, mais la vie vous serait laissée ; en temps de guerre, votre crime est punissable de mort. Si vous étiez soldat, vous auriez l’honneur d’être fusillé. Comme vous ne l’êtes pas, je vous condamne à être immédiatement pendu par le cou, jusqu’à ce que mort s’en suive. Que Dieu ait pitié de votre âme.

Un silence terrible suivit ces paroles, dont la banalité officielle frappait l’assistance comme avec une massue. Dolbret, malgré la terreur que devait lui inspirer sa position, restait calme ; pas un muscle de son visage ne bronchait. Mais quelle angoisse dans son âme, quel regret poignant de quitter cette vie, à laquelle, malgré ses bonheurs si rares, on tient toujours quand on a trente ans, une santé de fer, et au cœur une gaîté folle et bonne ! Ces tortures étreignaient le pauvre condamné profondément.

Dans le silence morne, un roulement sourd retentit soudain, suivi d’un coup mat. Puis le roulement et le coup, après un intervalle mesuré, re-