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Page:Morelles - Les diamants de Kruger, 1906.djvu/65

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— Attendez, vous ne savez pas le plus intéressant de l’affaire.

Donc je me mets en frais de prendre des mouches avec mon miel ; le soir même, je rencontre Ascot, méconnaissable avec une longue barbe blanche et de grosses lunettes bleues. Il n’avait pas plus d’argent que moi, je lui offris de partager. Il faut vous dire d’abord que je travaillais pour un capitaine norvégien qui avait besoin de cinq matelots. Un bon matin, je pars avec Ascot. Nous nous étions astiqués de notre mieux, ce qui n’était pas brillant, avec les vieux habits qui nous restaient. Nous arrivons près des quais, ils étaient encombrés d’une foule immense qui venait voir partir le « Sardinian » portant le contingent canadien ; nous avions beau. Mon capitaine norvégien me suivait de près et il venait justement de me dire : « Il y en a dix de désertés, il faut les remplacer. » À ce moment, j’aperçois le compagnon du docteur, comme tout le monde l’appelle.

— Et pourquoi pas, interrompit Bill, pourquoi ne l’appellerait-on pas le docteur, on vous appelle bien le Dean, vous, et moi le révérend Charles Bilman…

— Vous avez raison, nous sommes tous des gens de profession, nous avons droit à des égards.

Les deux hommes rirent silencieusement.

— Continuez, dit Bill.

Le Dean reprit :

— Il n’a guère plus de cinq pieds six pouces, mais il a les épaules larges et il est solide. Je ne sais pas trop pourquoi il n’était pas avec les autres ; toujours est-il qu’il était là en uniforme de kaki et ne s’occupait pas de rejoindre son batail-